Introduction

Je n'avais jamais mis les pieds en Algérie, mais pendant plus de 40 ans j'ai pris connaissance de ce pays par des photos et souvenirs de ma femme Lucette, de ma belle-famille et de ses amis. Aussi je ne me dirige pas vers l'inconnu lorsque je l'accompagne dans un voyage de retour à son pays natal, qu'elle hésitait depuis de nombreuses années à entreprendre.

Lucette est née en Algérie en 1943, et comme l'ensemble des enfants nés à cette époque et vivant en Algérie, elle connut une adolescence dans un pays en guerre, et c'est encore adolescente qu'elle quitta son pays avec ses parents. Depuis que je la connais, elle m'a promis de me montrer son Algérie. Connaissant les circonstances de son exil, je ne voulais pas forcer cette promesse, et patiemment j'attendais cette concrétisation. Cette attente a été meublée par des retrouvailles ponctuelles entre elle et d'anciens et anciennes camarades d'enfance et d'adolescence.

Les aléas de la vie de chacun ont fait que les années passèrent sans la réalisation de cette attente. Lorsque nous fûmes plus disponibles, des événements tragiques, connus par tous grâce aux médias, se produisirent en Algérie. Il n'était pas raisonnable de retourner dans ce pays dans de telles circonstances. Le temps de la retraite arriva, et bien que ces évènements tragiques s'estompèrent, il fallut attendre la fin de notre installation en Provence pour reprendre sereinement cette idée de voyage.

Pendant l'année 2003 notre disponibilité devint enfin une disponibilité de jeunes retraités. Progressivement, Lucette éprouva le besoin de retrouver le plus grand nombre de camarades de sa classe 1958 du cours complémentaire de la Pointe-Pescade.

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Cours Complémentaire de la Pointe-Pescade de l'année 1958-59

Rangée supérieure, de gauche à droite :

Serge Domenech, Alain Dipas, Rémy Libaude, Jean-Louis Grima, Robert Djafar, Alain Fages, Alain Sancho, Mohamed Larbi, Jean-Marc Verdu, Jean-Luc Franceschi

Seconde rangée à partir du haut, et de gauche à droite :

Marie-Ange Orts, Yvette Scotto, Lucette Gatt, Lucette Guillien, Viviane Rigaud, Yasmina Mimoun, Aline Teboulle, Anne-Marie Canu, Thérèse Terrier

Troisième rangée à partir du haut, et de gauche à droite :

Andrée Libaude, Annie Rive, Fernande Planès, Marie-Claire Le Gars, Anne-Marie Crespo, Maria Rapallo, Marie-France Boisseau, Marie-Hélène Lluzar, Marcelle Cholbi, Marcelle Riera

Accroupi et de gauche à droite :

Jean-Louis Prato, Hugues Leseigneur, Jean-Claude Pascual, Christian Savaill

La tâche ne fut pas aisée, notamment parce que les jeunes filles de l'époque sont devenues des femmes, et ont pris le nom de leurs époux lorsqu'elles se sont mariées. Il devenait impossible d'utiliser les noms de jeune fille pour ces recherches. Pour la majorité des élèves de cette classe, cette période de leur vie s'est déroulée après leur rapatriement, où beaucoup de personnes ont perdu de vue quelques-uns de leurs plus chers amis. Pour qui s'en souvient, la préoccupation principale des parents de cette génération était de trouver du travail et un logement. Grâce aux différents moyens de communication mis à ce jour à notre disposition (relations, Internet, et téléphone ... arabe ou pied-noir) et à sa persévérance, elle réussit le 24 avril 2004 à réunir à Roquevaire, dans les Bouches du Rhône, quatorze élèves de cette classe.

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Retrouvailles à Roquevaire en 2004 des anciens du Cours Complémentaire de la Pointe-Pescade

Debout, de gauche à droite :

Andrée Libaude, Marie-Ange Orts, Serge Domenech, Yvette Scotto, Alain Dipas, Rémy Libaude, Lucette Gatt, Lucette Guillien, Alain Sancho, Anne-Marie Canu, Alain Hanana

Accroupi et de gauche à droite :

Jean-Louis Prato, Christian Savaill, Marie-Hélène Lluzar (à genou, mais elle n'était pas punie)

Si certains s'étaient déjà retrouvés durant ces 40 dernières années, pour d'autres se furent d'intenses émotions. A chaque "nouvelle" tête arrivante, la mémoire fonctionnait à plein. Tous se sont reconnus, et des embrassades intenses ont ponctué ces retrouvailles. Dire que nous ne changeons pas en 40 ans serait un pur mensonge, mais il faut reconnaître que les principaux traits de caractères de chacun ont persisté, car peu d'erreurs d'identification ont été révélées.

Au cours du repas de cette journée de retrouvailles, beaucoup de souvenirs sont revenus. Un engagement a été pris pour qu'annuellement une journée des anciens du cours complémentaire de la Pointe-Pescade soit organisée. C'est là qu'une idée fut émise par l'un d'entre eux (lequel, je ne m'en souviens plus !), pourquoi ne pas faire cette prochaine journée de retrouvailles à Alger, autour de Saint-Eugène, les Deux Moulins, la Pointe-Pescade, et Baïnem ? Un accord quasi majoritaire fut émis, certains refusant pour différentes raisons tout retour au pays natal. Respectons leur choix.

Les jours, les semaines et les mois passèrent, et vers février 2005, Serge Domenech reprend contact avec Lucette, et annonce qu'il peut organiser ce voyage pour mai 2005 si plus de vingt personnes y participent. Si Lucette fut l'initiatrice de ces retrouvailles, il faut remercier Serge et son épouse France pour toutes les démarches entreprises afin de mettre sur pied cette organisation. Pour obtenir des conditions plus acceptables, le groupe s'est élargi à des anciens des communes et villages de la banlieue Ouest d'Alger. De plus, par je ne sais quel moyen, une équipe de FR3 région PACA fut avertie de ce voyage pèlerinage, et nous accompagna durant tout le voyage, ainsi qu'un journaliste et un photographe du groupe Nice Matin.

Afin de retrouver des camarades de classes Algériens, Serge et France ont contacté le journal local "El Watan". Tous les anciens de la classe de la Pointe-Pescade espèrent revoir leurs amis algériens, et renouer avec leurs souvenirs d'enfance.