Introduction

Dans sa scolarité, Lucette a passé quelques années au Cours Complémentaire de Pointe Pescade. Depuis que je la connais (plus de 42 ans), il lui arrivait de consulter ses photos souvenirs de son pays natal, et parmi celles-ci plus particulièrement les photos de sa plage à Saint Eugène, et celles de ses classes, et notamment celles relatives au Cours Complémentaire de Pointe Pescade.

C'était pour elle un moyen de revivre son adolescence. Moi métropolitain, je n'avais pas ce besoin, pouvant à tout moment revenir sur les lieux de mon enfance, et revoir mes camarades de jeu ou de classe. Mais je comprenais que pour elle, ne pouvant ou n'étant pas encore prête à revenir sur ses lieux d'adolescence, et ayant perdu contact avec pratiquement tous ses camarades de cette période, le fait de se plonger dans ces photos était un moyen pour revivre sa jeunesse, et ceci l'amena progressivement à vouloir retrouver le maximum de camarades des classes du Cours Complémentaire de la Pointe-Pescade. C'est ce sentiment qui déclencha son travail de retrouvailles.

Donc depuis de nombreuses années, Lucette a désiré retrouver le maximum de camarades des classes du Cours Complémentaire de la Pointe-Pescade. Pourquoi ces classes ? Je ne saurais trop dire, mais je pense qu'elles ont été particulières, dans le sens où elles étaient les classes de l'adolescence. Comme ses camarades, Lucette avait abandonné son enfance, sans entrer dans sa vie adulte. Toujours est-il qu'avec le recul, nous, les "pièces rapportées", constatons que les classes de 4^e (1957-1958) et 3^e (1958-1959), ont sérieusement marqué les élèves qui les ont fréquentées.

Depuis plusieurs mois, le nombre d'élèves retrouvés ne cesse d'augmenter, pour atteindre au jour où j'écris ces lignes, le chiffre de 30, sur un total de 36 élèves. Joli résultat qui méritait ces pages, mais n'anticipons pas et avant de regarder comment ce résultat a été obtenu, observons ces camarades lorsqu'ils fréquentaient le Cours Complémentaire, d'autant plus que nous espérons tous que ce résultat sera rapidement modifié.

Sans originalité, nous allons commencer par les fameuses photos de classe, qui permettent d'avoir une vue d'ensemble de tous les élèves des classes (tout au moins de tous les présents le jour de la photo).

Nous avons réussi à remettre un nom sur chaque visage de cette photo, car faut-il le préciser, ce n'est que plus tard que nous nous apercevons que des noms ont disparus de notre mémoire. Mais grâce au travail collectif de tous, la dernière interrogation a disparu en Septembre 2005, et par un récent courrier, Ahmed vient même de préciser le nom exact de cette personne

Dans cette liste, il ne reste que trois camarades à retrouver, Hugues Leseigneur, Fairouz El Madani, et Annie Rive, beau résultat pour une classe de 4^e, avec des élèves compris dans une fourchette d'âge de 14 à 16 ans. Autre précision, les noms des filles sont leurs noms de jeune fille et non de femme mariée pour celles qui le sont. Poursuivons par la photo de classe de l'année suivante.

Là aussi, nous avons réussi à remettre un nom sur les nouveaux visages, des élèves qui sont arrivés dans notre classe en 3^e. Malgré ce nouvel apport, le nombre de camarades de cette liste à retrouver n'est pas beaucoup plus important. Nous recherchons toujours Annie Rive, Hugues Leseigneur, Marie-France Boisseau, et Jean-Claude Magnan. Pour ce dernier, c'est une recherche un peu particulière, car nous savons comment le retrouver, mais nous savons aussi qu'il ne veut pas renouer des liens avec son adolescence, ce qui est bien dommage, car plusieurs de ses camarades de classe voudraient le revoir. Pour les lecteurs non avertis, ce Jean-Claude Magnan est bien le champion du monde et olympique d'escrime.

A la fin du mois de Septembre 2006, nous avons appris une triste nouvelle, le décès par maladie de notre ami Ahmed El Affaf. Nous le savions très malade, mais comme le dit le proverbe, "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir", et nous espérions tous que les progrès de la médecine allait lui permettre de combattre son mal. Hélas ce ne fut pas le cas. Nous fûmes tous attristés, d'autant plus que sa disparition fût la première depuis que les recherches entreprises par Lucette ont abouti à ces retrouvailles (la disparition d'un autre camarade de classe de 6^e et 5^e, Gilbert Faivre, était survenue avant que nous ne retrouvions sa trace).

Si les classes de 4e et 3e ont marqué l'esprit des élèves, il ne faut pas oublier celles de 6^e et 5^e où Lucette a eu des camarades, qui n'ont pas, pour différentes raisons, poursuivi leurs études dans ce Cours Complémentaire, ou tout simplement ont arrêté toute scolarité (n'oublions pas qu'à cette époque la scolarité n'était obligatoire que jusqu'à l'âge de 14 ans). Quelques-uns des camarades retrouvés renforcent ces dires, car effectivement ils ont quitté leurs amis de classe avant la 4^e.

Si les classes de 6^e et 5^e étaient mixtes (c'était même le début de la mixité des classes d'enseignement secondaire si je ne me trompe), les photos de classe ne l'étaient pas encore. Commençons par la 6^e et galanterie oblige, les filles avant les garçons.

De ces 13 camarades filles de cette classe, seules deux sont à rechercher, Annie Rive évidemment, et Claudia Muscat, et aucune n'a disparu. Poursuivons par la photo de classe de la même année, mais des garçons.

Ici les noms ont été plus facilement retrouvés, car nous avions un document de Serge qui les stipulaient (sans les prénoms, mais la contribution de chacun a pu en partie résoudre cette lacune), sauf pour Fernand Redulfo, où ce n'est qu'avec la contribution conjointe de Georges Réty et Mohamed Larbi, que son nom a été remémorisé.

Là aussi en mettant à contribution la communauté, la quasi totalité des camarades garçons ont été retrouvés. Nous recherchons toujours Hugues Leseigneur.

Fin 2005, nous avons appris que Gilbert Faivre, le second à partir de la gauche de la rangée intermédiaire ci-dessus, est décédé en 1995. Ce fut un choc pour tous les camarades, car Gilbert fut le premier dont nous apprenions le décès. C'était une des craintes de Lucette lorsqu'elle commença ses recherches.

Poursuivons par l'année suivante, la cinquième. Les responsables du Cours Complémentaire ne savaient certainement pas qu'ils allaient corser notre recherche à partir des photos de classe. En effet, pour une raison qu'eux seuls connaissaient, plusieurs classes ont été regroupées par photo. Il semble que pour les filles nous ayons les classes de 5^e évidemment, associée à la classe de 6^e. Par contre pour les garçons il apparaît que ça se complique. Les camarades de la 5^e sont regroupés avec des camarades de 4^e essentiellement, mais aussi au moins un camarade de 6^e, et il reste encore des noms à retrouver. Bon décryptons ces photos, en commençant par celle des filles.

Parmi les camarades de 5^e (celles qui ne sont pas entre parenthèses 6^e dans les légendes ci-dessus), il reste à retrouver Annie Rive, et Claudia Muscat. Lucette avec plusieurs camarades de classe, vont retrouver des camarades identifiées 6^e de cette photo, lorsqu'elles redoubleront leur 3^e au Cours Complémentaire de Saint Eugène. Il semble qu'à partir d'une année scolaire, toutes les élèves filles des classes inférieures furent inscrites au cours complémentaire de Saint Eugène, celui de Pointe Pescade n'acceptant plus la mixité (comme il n'y en a jamais eu pour celui de Saint Eugène, qui n'eut que des filles).

Passons au garçons, où là la ventilation par classe se complique.

Bon, s'il y a des erreurs sur la ventilation par classe, ce n'est pas impossible, car tout ceci a été fait de mémoire, et par déduction.

Parmi les camarades de cinquième (ceux qui n'ont pas d'indication de classe dans les légendes ci-dessus), il reste à retrouver Hugues Leseigneur. Quant à Gilbert Faivre, nous avons déjà indiqué qu'il était décédé en 1995.

Nous venons de voir que les souvenirs de classe sont regroupés en deux sections, les plus fournis ceux des classes de 4^e et 3^e, alors que ceux des premières classes du secondaire sont plus diffus. Pour cette raison, et sans que ce classement ne reflète une préférence quelconque, les camarades à rechercher seront aussi regroupés dans ce même ordre. Le but final est tout de même de retrouver et rassembler l'ensemble des camarades de classe de la 6^e à la 3^e.

 

Les camarades à rechercher de 4^e et 3^e

Parmi les camarades de classe des 4^e et 3^e à rechercher, certains n'ont fréquenté le Cours Complémentaire que sur une année ou même sur une portion d'année. En effet, les élèves qu'ils soient d'origine métropolitaine ou non, suivaient immédiatement dans leur grande majorité les mutations de leurs parents (les familles éclatées n'étaient pas monnaie courante à cette époque). Sur ces deux années de scolarité, il manque les quatre élèves suivants :

Marie-France Boisseau, Hugues Leseigneur, Annie Rive, et Fairouz Tewfik El Madani

De cette liste, Hugues et Annie ont été les seuls à être aussi dans les classes de sixième et cinquième. Marie-France n'a quand à elle fréquenté que la troisième, alors que Fairouz n'a été avec la classe qu'en quatrième.

Les camarades à rechercher de 6^e et 5^e

Là aussi, parmi les camarades de classe des 6^e et 5^e à rechercher, certains n'ont fréquenté le Cours Complémentaire que sur une année ou même sur une portion d'année, et ceci pour les mêmes raisons que celles citées dans la section précédente. Cette liste ne cite que les élèves identifiés et recherchés, et n'ayant pas fréquenté les classes de 4^e et/ou 3^e. Sur ces deux années de scolarité, il ne manque que :

Claudia Muscat

Claudia était en sixième et cinquième.

Notre jeunesse est en général une période pleine de fougue et de dynamisme, qui s'exprime par des activités annexes à notre travail scolaire. Ces activités sont le plus souvent des activités sportives, mais peuvent aussi être des activités culturelles. Comme beaucoup de ces camarades, Lucette a opté pour des activités sportives, et principalement le volley-ball, sport qu'elle a pratiqué au sein de l'équipe du club scolaire, le CCOPP, pour Cours Complémentaire Olympique Pointe Pescade.

Au sujet du nom du club, je soupçonne les élèves d'avoir ajouté le O des initiales de leur club non pas pour faire "olympique", mais surtout afin de ne pas rappeler les initiales du maillot des équipes d'une célèbre nation soviétique de cette période. Une autre raison, phonétique celle-là, est un clin d'œil au fait que le cours complémentaire était l'un des premiers collèges mixtes, c'est à dire sans le prononcer, que c'était " le Cours Complémentaire 'aux pépées' (aux nanas quoi !) ".

Au sein de cette équipe, Lucette a élargi le cercle de ses camarades, les membres provenant de toutes les classes du Cours Complémentaire. Sans trahir de secret, je sais que cet élargissement a profité aussi à une amie dont nous tairons le nom, mais qui se reconnaîtra. Elle s'était amourachée d'un élève d'une classe supérieure, amour d'adolescence qui s'est terminé lorsqu'il a quitté le collège pour poursuivre ses études. Comportement normal, car nous nous rappelons tous de nos premiers coups de foudre, nos sens s'éveillant à l'attrait du sexe opposé. Je parle de cette histoire, car elle fût un pari entre Lucette et son amie, lorsque mon épouse se lança dans la recherche de ses camarades, pari qu'elle gagna, car elle retrouva l'ancien petit ami de sa camarade, et plus même, l'invita à notre réunion du 30 septembre 2005. Toutes les personnes connaissant leurs liens passés, les observèrent lorsqu'ils se saluèrent, ce qui se fît le plus naturellement du monde, chacun ayant fait sa vie depuis 45 ans.

Revenons aux activités sportives, et par un sport dont je n'ai mesuré l'ampleur de sa popularité que lors de mon récent voyage en Algérie, le Volley-Ball. Moi dans ma Normandie, sans que ce sport me soit inconnu, il ne me semblait pas aussi populaire. Comme sport d'équipe, nous étions plus orientés sur le foot, le hand ou le basket (surtout ce dernier pour les filles). Je me souviens que ce sport avait à ses débuts l'image d'un sport de plage, image fausse lorsqu'on le pratique intensément, mais qui peut s'expliquer par cet engouement rencontré sur les rives méditerranéennes (rencontré aussi sur le rivage métropolitain de cette mer). Toujours avec notre galanterie, commençons par les filles.

Nous retrouvons ici pratiquement (à deux exceptions) les camarades de classe de Lucette. Elle a déjà rencontré Linda Serrano, une de ses camarades de sport qui n'était pas dans sa classe, et elle vient de renouer le contact avec la seconde, Marie-Rose Dominguez. Nos championnes étant des vedettes, je ne peux résister à présenter une autre photo de cette équipe féminine. Par contre je ne sais pas si cette équipe évoluait la même année.

Peu de changement par rapport à la précédente représentation, il ne manque que Marie-Rose Dominguez. Poursuivons par l'équipe de volley masculine du Cours Complémentaire, car attention, si les garçons étaient subjugués par leurs camarades filles, l'inverse était également vrai.

Cette photo nous a été fournie par Ahmed, et comme il avait une mémoire d'éléphant, il nous a aussi fourni les noms (les prénoms ont été retrouvés par les autres camarades) des joueurs.

Pour les prénoms ce fut relativement facile pour quelques uns. Pour d'autres, l'effet "boule de neige" a œuvré. Le fait d'en retrouver un a permis non seulement d'en retrouver d'autres, mais aussi d'obtenir les prénoms manquants. Christian et Alain ayant été dans la même classe que Lucette, il n'y eut aucune difficulté. Pour Gérard Boriello, la contribution vient de Lucette, normal, c'était un peu son idole. Le prénom de Jean-Claude Arrambide a été fourni par Alain Sancho, là aussi normal, ils étaient voisins. Alain a même indiqué que ses parents étaient originaires du Pays Basque, de Saint Jean Pied de Port, son père devant être gendarme. Malheureusement, s'il y a beaucoup d'Arrambide dans l'annuaire de cette région, il n'y a pas de Jean-Claude Arrambide, ce qui ne nous a pas permis de le retrouver, mais tout espoir est autorisé. Pour Georges Campello, la contribution vient de Christian Savaill. Ce fut Gérard Borriello qui nous donna le prénom de Antoine Jaquinto, normal, ils sont pratiquement voisin, et celui de Gérard Garcia. Mais pour ce dernier, il y a tellement de personnes qui portent ce patronyme avec ce prénom, que c'en est rebutant de le rechercher sans un autre indice plus précis. Gérard Borriello nous a bien dit que Jean Garcia devait être sur la région Aquitaine, mais même avec cette précision, nous en obtenons un grand nombre.

Donc en plus de Alain et Christian, de la liste ci-dessus nous avons retrouvé Gérard et Antoine. Gérard a été retrouvé par Lucette Guillien, et c'est ce dernier qui nous amena Antoine.

Pour ne pas faire de différence, nous avons une autre représentation des sportifs du Cours Complémentaire lors d'une rencontre avec le lycée Bugeaud. Les élèves du Cours Complémentaire de Pointe Pescade, sont tous debout et à la rangée arrière du groupe.

Les deux x correspondent à des joueurs d'origine algérienne, dont les noms ont échappé à la mémoire de Lucette. Elle s'en veut, car l'un des deux (celui de gauche) habitait près de chez elle, rue Liébert à Saint Eugène, mais il est possible que ses camarades l'aident

Je profite de cette illustration pour préciser que le Jean-Claude Magnan de la photo est bien le même que le Jean-Claude Magnan champion du monde et olympique d'escrime. Et oui, au moins un élément du CCOPP a atteint la notoriété internationale. Certains diront que la lettre O dans le nom du club lui a porté chance, mais tous les sportifs, quel que soit leur niveau, savent que si des dons existent, seul le travail permet d'atteindre un tel niveau de compétitivité.

Cette introduction un peu longue je vous l'avoue, m'a permis de vous restituer l'ambiance qui régnait au sein des classes du Cours Complémentaire de la Pointe Pescade, et ceci dans le but de bien comprendre la démarche de recherche de Lucette et surtout la connivence de ses camarades, exprimée par leur participation aux réunions de retrouvailles, ainsi qu'à cet effort de recherche.

Ces recherches ont nécessité les moyens modernes de communication, parfois en détournant leurs buts initiaux (je pense notamment à l'utilisation des arbres généalogiques comme moyen de retrouver une famille), mais ont surtout nécessité un entêtement sans fin de Lucette. Dans les chapitres suivants décrivant chaque réunion de retrouvailles, je décrirai les principales démarches qui nous ont permis de retrouver de nouveaux camarades.