Dans un pays musulman, le vendredi est équivalent au dimanche dans un pays chrétien. Aussi, comme ce jour est une journée de repos, elle est pour nous, une journée de tourisme classique. Au programme nous avons notamment la visite du "Tombeau de la Chrétienne", Tipasa, Cherchell, la plaine de la Mitidja.
A l'inverse de la veille, le lever de soleil est magnifique, et la journée s'annonce très ensoleillée. Entre notre petit déjeuner et notre départ en excursion, nous en profitons pour revoir le vivier, sous un ciel d'un bleu très pur.
Nous poussons notre promenade jusqu'à la jetée du port, où les meilleures places sont déjà occupées par des pêcheurs.
De cette jetée, nous avons une vue magnifique sur le port de Sidi Ferruch, ainsi que sur notre hôtel, à gauche de la photo.
Dès notre départ de l'hôtel, nous délaissons les voies rapides, pour prendre la route côtière. Certains revoient déjà leur enfance, où ils accompagnaient leurs parents en promenade vers des plages familiales. La route franchit l'oued Mazafran.
Lucette et Nicole se souviennent qu'à cet endroit, avant les évènements, la voiture familiale est tombée en panne en pleine nuit, et qu'il fallut attendre le lever du jour pour trouver une âme charitable pour les dépanner. Il faut dire que la région n'avait pas une bonne réputation même avant la période de la guerre d'Algérie. Il faut croire qu'une bonne étoile les protégeait cette nuit là, ou alors que la réputation était usurpée.
Nous poursuivons notre route, et nous arrivons à Bouharoun, et nous nous empressons vers le port de pêche.
Nous avons de la chance, car les chaluts sont rentrés, et leur pêche est exposée. Nous n'avons pas assez de nez et de vue pour sentir les odeurs et voir la beauté des poissons.
Les différents étals présentent des rougets, merlans, calmars, soles, espadons, barracudas, pageots, congres, crevettes, raies, seiches, rascasses, bonites, murènes, moules, etc. ... Bref, notre estomac en est tout retourné, et il n'est encore que 10 heures.
Toute bonne chose a une fin, et nous reprenons notre excursion, et nous nous dirigeons vers le "Mausolée Royal Maurétanien", plus connu par la plupart des excursionnistes sous le nom de "Tombeau de la Chrétienne". Le nom actuel semble être le plus approprié, ce mausolée ayant été érigé avant la christianisation de la région.
Notre guide Azedine nous fournit des explications concernant le mausolée, que les archéologues et historiens ont établis d'après leurs recherches. Malheureusement, il ne peut être visité que de l'extérieur, son unique entrée étant murée. Il semblerait que les intentions des islamistes soient la raison principale de cette fermeture. Le mausolée étant un monument érigé avant l'arrivée de l'islam sur cette terre, l'intolérance absolue de certains pousse à la destruction de toute représentation pré-musulmane, comme les talibans ont détruit le grand bouddha de Bamyan en Afghanistan, il y a quelques années. L'état algérien a protégé ce site pendant la période trouble de la décennie précédente.
La visite de ce site nous a permis de découvrir l'imposant Chenoua à l'Ouest, les pieds dans l'eau de la méditerranée, en devinant Tipasa.
Toujours autour du Mausolée, quelques pas vers le sud, et nous découvrons la plaine de la Mitidja. La position de ce mausolée semble avoir été choisie par ses bâtisseurs, pour qu'il soit visible de très loin, ce que nous vérifierons plus tard dans la journée.
Notre promenade autour de ce mausolée a donné l'idée au groupe des huit camarades de l'école de la Pointe-Pescade, de vouloir immortaliser ce moment par une photo.
Notre retour sur la route de Tipasa nous permet de voir des détails de la côte méditerranéenne. Plusieurs personnes retrouvent des petites criques où elles allaient pique-niquer pendant les repos hebdomadaires de la période estivale.
Lucette et Nicole revoient une anse où elles, avec leurs parents et leur famille, allaient régulièrement passer les fins de semaine. Avec des piquets de bois et des couvertures militaires, des tentes sommaires étaient dressées, pour protéger les femmes et les enfants des nuisances nocturnes - moustiques -, pendant que les hommes dormaient dehors à la belle étoile, tout en effectuant leur tour de garde.
Tellement émues, elles profitent de l'arrêt du car pour téléphoner à leurs parents restés en France, à Roquevaire - vive le téléphone mobile! -, afin qu'ils puissent par leur intermédiaire, partager ce moment magique.
Peu après la reprise de l'excursion, nous arrivons à Tipasa, célèbre par ses ruines romaines, mais aussi par les écrits de l'enfant du pays, Albert Camus. Comme nous avons pris un peu de retard, nous modifions notre programme, et nous commençons par déambuler dans la ville, avant d'aller déjeuner.
Ce n'est qu'après le repas que nous visitons le site des ruines romaines. C'est un lieu de détente qui semble très prisé par les Algériens, n'oublions pas que c'est leur journée de repos. Le chemin de la visite commence par les restes des arènes. Nous poursuivons par une allée bordée de ruines de la ville romaine, qui nous mène à la mer, près des vestiges du port romain.
Là nous avons les restes d'une magnifique mosaïque que le temps n'a pas encore détruite.
Nous poursuivons notre visite en suivant le bord de mer. Nous avons une splendide vue sur le Chenoua à travers les ruines.
D'autres points de vue sont magnifiques, d'autant plus que la mer est resplendissante dans son bleu puissant.
Nous arrivons sur le site de la basilique, édifiée au 4ième siècle après J.C. C'est le plus vaste site chrétien fouillé en Algérie. L'état des ruines ne nous permet que de deviner l'importance de l'édifice.
Il faut dire que Tipasa est sur une faille sismique, et que la puissance des tremblements de terre depuis son édification, a certainement fait son œuvre. De l'emplacement de la Basilique, nous avons une vue sur le "Mausolée Royal Maurétanien", ce qui confirme l'impression que nous avions eue dans la matinée, il est vraiment visible de loin.
En poursuivant notre visite nous apercevons une stèle à la mémoire d'Albert Camus, érigée à l'endroit où il venait très souvent méditer. Il faut dire que le lieu mérite de s'y attarder, car nous avons une vue magnifique de toute part, sur la mer, la plage Mataresse, le Chenoua.
Vue sur la stèle à la mémoire de Albert Camus, avec en arrière plan, la plage Mataresse et le Chenoua
Cet endroit est assez isolé des ruines, et l'impression de calme transparaît. D'ailleurs, la phrase d'Albert Camus gravée sur cette stèle résume ce que l'on ressent "Je comprends ici ce qu'on appelle gloire le droit d'aimer sans mesure.".
Notre poursuite de la visite des ruines passe par le théâtre romain, et par les fontaines où arrivait l'eau alimentant la ville romaine.
Cette visite très superficielle des ruines me laisse une envie d'y revenir plus calmement, et surtout d'y passer plus de temps.
Mais notre programme est très chargé, et déjà nous reprenons notre excursion en direction de Cherchell, en passant par la route côtière au pied du Chenoua pour profiter des points de vue, alors que la route directe passe par l'autre versant du massif. Nous avons une splendide vue sur la baie de Tipasa, avec en fond de plan le "Mausolée Royal Maurétanien".
La route est très chargée en ce jour de repos et par moment assez étroite, et le car rencontre parfois bien des difficultés à croiser des voitures. Nous pénétrons dans Cherchell, mais vue l'horaire, l'ensemble du groupe décide de ne visiter cette ville qu'avec le car.
Ceci semble bien dommage, car la ville possède des trésors de l'époque romaine, mais il faut parfois faire des choix draconiens, et celui-ci en est un. Ceci ne fait que renforcer mon désir de revoir cette région plus calmement. Notre visite en car n'est vraiment qu'un survol de la ville.
Nous prenons la direction du retour sur Alger, et nous empruntons la plaine de la Mitidja. Nous avons au loin une vue sur le Moyen Atlas, avec Chréa sur les hauteurs. Les fins de semaine hivernaux reviennent en mémoire, ainsi que pour certains les colonies de vacances.
Nous passons à Marengo puis à El Affroun, où quelques personnes retrouvent leur ville. Beaucoup d'émotion, d'autant que des Algériens viennent discuter avec ces personnes, et des souvenirs très vivaces ressurgissent. Les arbres de la place de la ville offrent un abri aux aigrettes, mieux ne vaut pas être dessous leurs perchoirs. Nous voyons aussi des cigognes.
La région est très prisée par ces oiseaux. La route au milieu de la plaine de la Mitidja nous offre des points de vue vers les massifs de l'Atlas blidéen et du Moyen Atlas.
En voyant des gens perchés dans les arbres bordant la route, Lucette se souvient que ces arbres sont tout simplement des mûriers, et comme ces personnes, elle aussi les escaladait pour cueillir des mûres. Nous arrivons sur Blida, la ville des roses, que nous contournons par le Nord. A un moment de la journée il était envisagé d'y passer, mais notre promenade a été vraiment trop longue, et comme nous sommes attendus à l'hôtel en début de soirée, il faut impérativement prendre la route directe, c'est à dire l'autoroute vers Alger. Après avoir évité Blida, nous apercevons des panneaux indiquant la sortie "Boufarik". Lucette et Nicole ont une pensée pour leurs grands-parents paternels, qui ont vécu dans cette ville. Certains de leurs ancêtres y sont nés. Je crois que cette journée a donné à beaucoup de voyageurs l'envie de revenir dans ce pays.
Le retour sur Alger est assez chargé. Nous évitons de pénétrer dans la ville, l'autoroute nous permettant de rejoindre Sidi-Ferruch directement. Nous arrivons à notre hôtel de nuit, et nous avons la joie de revoir nos amis algériens de la veille, à l'exception de Ahmed et Saliha. Inutile de dire que ces rencontres furent aussi intenses que la veille. Un fort courant passe entre les camarades de classe, d'autant plus fort qu'il a été endigué pendant plus de quarante ans. Comme la veille, ce n'est que tard dans la soirée que ces camarades se séparent, en jurant qu'ils se reverront l'année prochaine. Les adresses et coordonnées téléphoniques sont échangées avant les séparations.
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Voyage en Algérie du 4 au 8 Mai 2005, ou Retour au Pays de Lucette - Vendredi 6 Mai
© Daniel Larcier - Janvier 2007